Quelle représentation se fait t’on d’un chef ? La comparaison entre un patron ou un manager avec un chef d’orchestre me vient souvent à l’esprit. Aussi, j’ai trouvé la chronique de Philippe Meyer sur France Culture du 14 mai 2014 particulièrement intéressante. Il y fait ce rapprochement, après avoir visionné une vidéo « Bernstein dirige sans un geste » (voir You Tube ou sur le site de la revue Diapason ou celui de France Culture). Le Wiener Philharmoniker vient d’achever la symphonie 88 de Joseph Haydn, sous la direction Leonard Bernstein. Au lieu des classiques allers-retours du chef d’orchestre au gré des applaudissements, le chef d’orchestre reste immobile, capte l’attention de ses musiciens et sans un geste, leur redonne le départ du 4ème mouvement de cette symphonie. Le chroniqueur «matitudinal » nous explique comment Bernstein « dirige seulement avec ses yeux, avec un mouvement de sourcils pour le départ des violons, avec un battement de paupière pour faire rentrer la flûte, un hochement de tête pour faire appeler dans la danse les bassons, avec une mimique de tout le visage pour indiquer l’expression qu’il souhaite entendre, un hochement de menton pour assurer le tempo, avec, dans les yeux, une malice enfantine pour dire sa satisfaction de ce qu’il entend. Bernstein danse au rythme de ce qu’il entend ; il sourit d’aise et même rit dans sa barbe (…) quand il ne se penche pas avec affection sur les violoncellistes ou n’encourage les cors ou le timbalier ».

Philippe Meyer y voit l’image et le rôle non seulement d’un chef d’orchestre, mais d’un chef  tout court: « quelqu’un dont l’autorité ne vient ni de la baguette, ni de son titre, ni même des gallons invisibles qu’il a sur sa manche, mais de la confiance qu’il accorde et qu’il confère, de l’attention de ceux qu’ils dirigent; et du plaisir qu’il cherche à partager, qui se lit, une fois le mouvement achevé, sur  le visage de ses musiciens », concluant « et je gage sur le vôtre ». Une bonne synthèse de l’effet que produit un bon chef sur ses équipes.

Source: Chronique de Philippe Meyer du 14 mai 2014 sur France Culture
http://www.franceculture.fr/emission-la-chronique-de-philippe-meyer