Il est intéressant de méditer sur l’effet Pygmalion (terme tiré de l’expérience faite par Jakobson et Rosenthal – voir ci-après) en le mettant dans un contexte d’entreprise ; ce qui est vrai pour les écoliers l’est aussi pour les collaborateurs notamment.
Il est également intéressant de réfléchir de manière plus large à l’impact de la vie scolaire et de l’éducation sur la future vie professionnelle. Des livres et des enquêtes permettent d’approfondir ces questions.Dans son dernier livre (On achève bien les écoliers, Grasset, Paris 2010). Peter Gumbel relate l’expérience menée par Jakobson et Rosenthal aux Etats-Unis en 1964 (voir Pygmalion à l’école Casterman en 1971). Ils ont alors parlé de «  l’effet Pygmalion ». Leurs travaux ont permis de faire la constatation suivante: quand un enseignant s’attend (ou quand on le lui suggère), qu’un enfant (ou une classe) aura de mauvais résultats, les résultats sont en effet médiocres, voire mauvais. L’inverse est évidemment vrai. Et ceci avec un groupe d’élèves dont les niveaux de départ étaient identiques…

En France, cet « effet pygmalion » est encore très majoritairement tourné vers des attentes négatives. Pierre Merle, professeur à l’IUFM de Bretagne, a demandé à 500 étudiants de remplir un questionnaire sur leurs souvenirs d’école. Il en a tiré un livre intitulé L’Elève humilié, PUF 2005. Les mots qui revenaient le plus souvent dans ces souvenirs d’élèves étaient: dégoûtés, humiliés, ridiculisés, découragés, cassés, méchants, injustes. La stigmatisation de l’incompétence scolaire était particulièrement fréquente. Evidemment, des expériences positives ont été vécues. Heureusement. Comme dit Pennac dans Chagrin d’école (mais chagrin quand même…) : « il suffit d’un professeur-un seul!- pour nous sauver de nous-mêmes et nous faire oublier tous les autres ».

Des élèves angoissés, inquiets, anxieux, intimidés

Des études anciennes et récentes (notamment celles menées par l’OCDE), ont pourtant encore démontré que les élèves français, comparés aux élèves américains, canadiens, autres pays européens et asiatiques, étaient très nettement plus angoissés, inquiets, anxieux, intimidés. Les élèves en France font partie de ceux qui osent le moins s’exprimer à l’oral de peur de se tromper, l’erreur.

Une mauvaise image d’eux-mêmes

Les élèves français sont incapables de se projeter dans l’avenir pour une très grande proportion d’entre eux. (Voir l’enquête menée en 2006 par l’International Association for the Evaluation of Educational Achievement/www.iea.nl). Ils en arrivent même à avoir une image dévaluée de leurs capacités réelles. Ainsi, l’enquête a démontré que des élèves lisant aussi bien, voire mieux que leurs homologues asiatiques ou américains, se considéraient comme…nuls! (un mot très employé en France…): 42èmes sur 45! Dans la réalité, ils se situaient dans les premières places.