Je trouve l’article d’Yves Tyrode, directeur général en charge du digital chez Groupe BPCE reproduit ci-après très intéressant. Je partage son point de vue : l’ouverture aux changements et aux innovations n’est en rien une question d’âge; c’est plus une question de personnalité et d’état d’esprit. Quand l’entreprise sait repérer et écouter ceux qui ont plein d’idées et de dynamisme, elle leur permet de découvrir et exploiter leurs talents, d’exploiter leur potentiel parfois caché, et de mettre en valeur leurs qualités, compétences et spécificités au service de tous. Ils participent ainsi activement et efficacement aux performances de l’organisation. 

Ne pensons pas que les jeunes sont les seuls à vivre l’entreprise différemment ; les seuls à vouloir faire bouger les lignes. Ils sont simplement beaucoup plus décomplexés vis-à-vis de l’entreprise que ne le sont leurs aînés. Ils savent ce qu’ils veulent, ne veulent pas et l’expriment sans détours avec beaucoup de discernement : de l’entreprise, ils attendent des projets, pas des missions. Ils veulent fournir des ‘livrables’, du concret ! Pas question pour eux de se sentir enfermés dans une fonction. De l’entreprise, ils attendent de l’énergie, de l’audace et une histoire mobilisatrice ; ils attendent d’être inspirés. De l’entreprise, enfin, ils attendent un esprit d’ouverture, particulièrement envers le monde entrepreneurial – les jeunes étant prêts à passer du grand groupe à la start-up ou du statut de salarié à celui de travailleur indépendant. L’intrapreneuriat ? Pourquoi pas…

De l’entreprise, les jeunes attendent de l’énergie, de l’audace et une histoire mobilisatrice

Les générations précédentes sont-elles tellement déconnectées des nouvelles qu’elles ne peuvent adhérer à cette idée que l’entreprise, qui reste un lieu d’épanouissement professionnel, se transforme ? Je ne le crois pas. Qu’importe l’âge, pourvu qu’il y ait la passion ! Ce n’est pas une affaire de génération mais d’envie. Ai-je envie d’entrer dans une nouvelle ère et de participer au changement ? Suis-je prêt à accepter de me remettre en question, à apprendre de nouveau, à travailler différemment ? Se réaliser professionnellement c’est aussi s’ouvrir vers d’autres horizons et se découvrir des talents. Bénédicte de Raphélis Soissan, la fondatrice de Clustree, nous en donnerait la preuve. L’algorithme qu’elle a construit pour analyser les parcours professionnels permet de révéler le potentiel de chacun bien au-delà du CV … Ce potentiel caché, celui que les organisations ne sont pas encore en mesure de déceler de façon massive et que seule l’analyse des big data permet de détecter efficacement. Un outil de gestion des ressources humaines incroyable au service du changement. Quoi de plus valorisant pour tout un chacun en effet, de voir son entreprise lui reconnaître, au fil de sa carrière, de nouvelles aptitudes ?

Se réaliser professionnellement c’est aussi s’ouvrir vers d’autres horizons et se découvrir des talents

En réalité, toutes les générations réunies à l’intérieur d’une même organisation partagent souvent la même ambition … celle d’avancer. Il n’y a pas à réconcilier les unes et les autres, comme si elles étaient de facto, opposées les unes aux autres. La passerelle entre les collaborateurs, quelles que soient l’ancienneté et l’expérience, c’est le management. C’est lui qui crée l’enthousiasme et la cohésion autour du changement. C’est donc au management d’être innovant et d’adopter de nouveaux codes pour se réinventer…  Il y a certainement un modèle à trouver entre une organisation pyramidale telle qu’on la connaît aujourd’hui et le management horizontal tel qu’imaginé, par exemple, par le PDG de Zappos, ce e-commerçant américain, qui, férocement hostile à toute forme de bureaucratie, a décidé de se passer de managers… Si elle semble farfelue, l’expérience sera certainement enrichissante sur le plan comportemental. Elle l’est déjà sur le plan de la réflexion. Elle nous invite à ne pas être prisonniers de nos certitudes, de nos habitudes. Elle nous encourage à penser les organisations différemment avant qu’une nouvelle forme de management ne s’impose aux entreprises.

Pensons les organisations différemment avant qu’une nouvelle forme de management ne s’impose aux entreprises

Si l’on en croit un sondage du cabinet Elabe pour l’Apec publié récemment, les cadres, qui sont très majoritairement optimistes (près de 9 personnes sur 10) quant à l’impact de la transformation numérique sur leur entreprise et leur quotidien, « plébiscitent l’horizontalité et le collaboratif ». Ils jugent, pour une partie d’entre eux, qu’un modèle d’ « organisation pyramidale et hiérarchique est défavorable à la performance de l’entreprise, la qualité des relations interpersonnelles, la circulation de l’information, la prise d’initiative personnelle, la créativité et l’innovation ». Qui a parlé de réticence au changement ?

Yves Tyrode, directeur général en charge du digital chez Groupe BPCE