C’est presque le titre de mon livre mais c’est un article du journal Le Monde ! Olivier Rollot s’est inspiré pour cet article de notre rencontre et d’autres comme vous le verrez en le lisant.

L’innovation est aujourd’hui au cœur de la réflexion des entreprises et des universités et grandes écoles. Oui mais voilà, innover c’est prendre des risques et là, le moins qu’on puisse dire, est que la culture française n’y pousse pas. « Et cela dès la petite enfance quand la mère française dit à sa fille qui va à la crèche de « faire attention » alors que l’Américaine se fend d’un « bye, bye, have fun ! » », explique Myriam Ogier, coach d’entreprise et auteur de « Prendre des risques pour réussir » (éditions Dunod).Exprimez-vous !

Et ces différences comportementales on va les retrouver tout au long des études puis dans l’entreprise. « En France on ne sait pas échouer, on ne sait même pas dire j’ai un problème, insiste encore la coach. Résultat, nos futures élites pensent de plus en plus à s’expatrier dans des pays où il est plus facile de réussir, mais donc aussi d’échouer.»

La prise de risque commence même en France dès qu’on ouvre la bouche pour exprimer une opinion. Quand les universités américaines rendent quasi obligatoire la participation aux cours, les professeurs français s’arrachent souvent les cheveux pour qu’un étudiant s’exprime devant une classe. Sans qu’on puisse vraiment leur jeter la pierre tant il sait que ses camarades ne seront pas indulgents avec se prestation. « On est trop dans le jugement, du coup on ne parle que quand on est absolument sûr de soi, commente Myriam Ogier. Or certains élaborent leur pensée en parlant. Si on ne leur laisse pas dire parfois des bêtises on perd toute leur créativité. »

Pour oser encore faut-il être soutenu

Au-delà de l’incantation (« osez, osez »), encore faut-il que les établissements et les entreprises acceptent le risque. Dans un entretien réalisé pour lemonde.fr, Delphine Manceau qui dirige l’Institut pour l’Innovation et la Compétitivité créé par ESCP Europe et la Fondation Europe+, me disait ainsi que, « si certaines personnalités sont plus aptes à l’innovation que d’autres, il y a surtout des modes organisationnels qui la favorisent ». Et elle insistait sur la réussite d’entreprises comme Apple ou Seb qui acceptent aussi l’échec : « Sans acceptation de l’échec il ne peut pas y avoir de prise de risque, et donc pas de tentatives iconoclastes ».

Et cette acceptation, elle est souvent plus facilement le fait de petites structures qui n’ont rien à perdre que de grandes très structurées. « Vous croyez que les fabricants de bougie avaient intérêt à promouvoir l’électricité ou, très récemment, les journaux à favoriser la montée en puissance de l’Internet ? », s’interroge ironiquement Myriam Ogier.

Quand les étudiants prennent des risques

S’il est un diplôme innovant mais qui fait aussi prendre des risques c’est bien le doctorat. Pendant au moins 3 ans, des jeunes doivent confronter leurs idées à la réalité. Avec le risque d’échec et de tâtonnement propre à tout exercice humain qui se propose de démontrer quelque chose de neuf. «Quel que soit son parcours, un docteur est d’abord quelqu’un qui a su surmonter des difficultés dans le cadre d’un long parcours, souligne Agnès Florin, responsable du collège doctoral Nantes-Atlantique qui regroupe quelques 1400 doctorants. Qu’ils soient scientifiques ou en lettres et sciences humaines, ils savent travailler en équipe dans un laboratoire et surtout poser la question à laquelle on ne s’attend pas et qui fait avancer le processus.»

Avant de se lancer dans un doctorat, les étudiants commencent à se heurter à la prise de risques en master, que ce soit par des actions de recherche ou par des expériences associatives. « Nous sommes convaincus de l’importance du dynamisme de la vie associative pour nos étudiants, me disait ainsi Yves Lecointe, président de l’université de Nantes, dans un autre entretien pour lemonde.fr. Cette vie associative est un espace d’expérimentation important qui les confronte à la mise en place de projets réels et les aide à être autonomes. »

http://orientation.blog.lemonde.fr/2011/06/20/prenez-des-risques-pour-reussir/