Voici un article paru dans la revue de la SF Coach où j’ai voulu montrer l’importance et l’impact de l’éducation sur nos comportements en entreprise.(à retrouver sur www.sfcoach.org)

L’innovation est cruciale pour les entreprises. Elle demande créativité et prises de risques constantes ; des stratégies plus faciles à mettre en œuvre quand la conjoncture est bonne. Quand elle est difficile comme aujourd’hui, l e s comportements deviennent plus frileux, alors même que l’innovation devient indispensable. Mais, indépendamment de la crise, notre difficulté à prendre des risques provient aussi de notre éducation. Si on observait des mères françaises et américaines dans un square, on verrait que les premières ont tendance à faire toutes sortes de recommandations à leurs enfants les incitant à la prudence (« f a i s attention »…)  et à rester dans les cadres. Si elles ne sont pas écoutées, elles jouent souvent sur le ressort de la culpabilité (« c’est de ta faute, je t’avais bien dit…»,…). Au contraire, les mères américaines poussent leurs enfants à s’amuser et à faire des expériences pour découvrir leur environnement, en leur lançant « Go, have fun!».

Ces différences de comportements se retrouvent dans la vie professionnelle.

On dit du banquier français qu’il hésite à prêter de l’argent à un chef d’entreprise ayant traversé des difficultés, alors que son homologue américain, partant du principe qu’il aura acquis de l’expérience, est plus enclin à le faire. La culture américaine voit, davantage que la nôtre, l’échec comme source d’apprentissage, voire d’innovation et de progrès ; ce qui est possible quand il a été analysé et a permis de tirer des leçons. A l’inverse, une culture où l’échec est durement sanctionné stoppe la prise de risque et tue l’innovation.

De plus, il est important qu’une prise de risque couronnée de succès soit bien récompensée. En France, cet aspect est souvent négligé. De nombreux cadres souffrent du manque de reconnaissance de leurs succès. Or, féliciter et célébrer les réussites sont de puissants moteurs de motivation et renforcent l’estime de soi. L’Armée l’a bien compris, en récompensant par des grades et des décorations.

Autre obstacle à la prise de risque, notre propension très française à « être dans le jugement », alors que des critiques mesurées et constructives, respectant l’autre, s’avèrent plus efficaces.

Notre système pénalise également la prise de risque en individualisant la réussite comme l’échec, favorisant l’apparition de boucs émissaires. Pour apprendre à « jouer collectif » dès le départ, nous pouvons nous inspirer du système éducatif anglo-saxon. Les grandes universités américaines ou britanniques attachent beaucoup d’importance à la pratique des sports collectifs, pensant qu’ils développent l’esprit de solidarité. Elles encouragent le débat, l’expression libre entre étudiants et professeurs avec des  relations moins hiérarchisées et le développement d’une activité artistique, en découle plus de liberté, de créativité et d’idées novatrices. Elles cherchent à attirer des personnalités riches, parfois atypiques, quand le système français, par ailleurs d’excellente qualité, est souvent bien plus conformiste. Ce même conformisme se retrouve dans notre attachement aux diplômes tout au long des carrières, négligeant souvent les réalisations, les parcours et le potentiel.

In fine, pour s’adapter au monde de demain, les entreprises ont plus que jamais besoin de personnes faisant preuve d’initiatives, d’audace, de créativité, de bon sens, d’écoute, d’intuition, de solidarité, d’ouverture aux autres et au monde… En donnant de l’importance à ces qualités relevant de l’intelligence émotionnelle, elles y gagnent car leurs performances augmentent quand elles sont soucieuses de la qualité des relations humaines. C’est en veillant à entretenir une dynamique positive qu’elles peuvent espérer attirer les élites de demain. L’enjeu est grand car, pour l’heure, les plus talentueux préfèrent faire carrière à l’étranger où les perspectives sont plus attrayantes, avec plus de challenges, de responsabilités et une ambiance souvent plus optimiste et plus dynamique.