« Dans notre groupe issu de nombreux rachats de laboratoires indépendants, le réseau fonctionne assez bien. Il peut se constituer à n’importe quel moment, lors de formations, de conférences, de réunions…  », se félicite Jean, directeur du développement des dirigeants et cadres d’un grand laboratoire. « C’est, pour beaucoup, un moyen de doubler le système d’information traditionnel.»

Aujourd’hui, un cadre ne peut prétendre évoluer s’il n’a pas de réseau. Sur ce sujet, coachs et RH sont unanimes. Et se constituer un réseau, nouer des relations est indispensable et à la portée de tous, quel que soit son niveau hiérarchique. Il se crée par le biais d’actions aussi simples qu’être présent sur les réseaux sociaux, comme LinkedIn  mais aussi visiter les salons professionnels, s’informer sur les concurrents, les marchés, les nouvelles techniques, participer à des rencontres extra-professionnelles, assister et/ou intervenir dans des conférences, sans oublier de déjeuner avec des collègues ou discuter avec eux à la machine à café…

Surtout, il faut penser à construire et faire vivre son réseau quand on est en activité, quand tout va pour le mieux. Car un réseau ne fonctionne que donnant-donnant, gagnant-gagnant : Il vous apporte si vous lui apportez. Ne vous faites pas piller votre réseau non plus; l’autre doit vous donner, peut-être d’une manière différente, par exemple en vous rendant un petit service. Il faut le tester. Si vous vous apercevez qu’il ne vous renvoie pas l’ascenseur, cessez de l’informer. Inutile d’alimenter les profiteurs !

Dès que vous cessez d’être membre actif d’un réseau (parce que vous quittez un secteur d’activité pour un autre ou que vous perdez votre job, par exemple), comme la branche morte d’un arbre, vous ne tardez pas à casser… Ce n‘est donc pas quand votre carrière commence à battre de l’aile qu’il faut vous préoccuper de construire et faire vivre votre réseau. Aujourd’hui, le réseau est devenu l’un des outils les plus efficaces dans une gestion individuelle de carrière et pour retrouver un poste.

Le réseau vous ouvre des portes en interne, mais aussi à l’extérieur de l’entreprise. Mais il compte également de plus en plus auprès des recruteurs qui se montrent très attentifs aux réseaux dont ils peuvent profiter via leurs nouvelles recrues.

Avantage du réseau : il vous permet d’être informé avant les autres. Utile, notamment, pour vous positionner le premier sur une opportunité dans le cadre d’une mobilité interne. Pour autant, et si vous jugez que votre réseau est sans faille, vous ne devez pas faire l’impasse sur les bourses d’emploi que publient très régulièrement les intranet d’entreprise. « Nous publions l’ensemble des postes à pourvoir sur l’Intranet, explique un DRH. Les intéressés peuvent se faire connaître à leur hiérarchie, à leur RH ou encore à la direction du développement des dirigeants et cadres où nous centralisons la gestion de l’ensemble des RH du groupe. L’entretien est totalement confidentiel tant que nous ne mettons aucun processus en route. Par contre, dès que nous entreprenons une action quel quelle soit, en interne ou en externe, nous en informons la hiérarchie ».

Cette veille attentive, via le réseau, le journal interne, l’intranet, permet à chacun de mieux appréhender son environnement et les stratégies à moyen terme de son entreprise. Vous pouvez vous faire de nouvelles relations intéressantes de manière efficace via les réseaux sociaux, l’inscription à des formations en inter ou en intra, sur les recrutements internes.

Ne pas se tenir au courant, voire pister avant publication, les postes à pourvoir, c’est se couper de sources d’informations essentielles, rater des opportunités d’évolution, ne pas se donner les moyens d’anticiper les changements. « Un salarié qui ne consulte jamais la Bourse Emploi et ne suit pas les évolutions de poste, ne se projette pas dans l’avenir », assure Marie-Jo, responsable de la Gestion des cadres et du développement du management d’un grand groupe qui reconnaît que « certains salariés ronronnent et les sortir de leur « ronron » est très compliqué. Mais nous les repérons assez vite : ils ne sont jamais disponibles pour trouver le temps de faire une évaluation ou une formation. Ils oublient que travailler sans avoir de projet à plus long terme, c’est se mettre en danger.»

On le sait : dans certaines entreprises, l’intérêt des bourses d’emploi peut être limité : des postes à pourvoir n’y figurent pas parce qu’on a « oublié » de les inscrire sur le réseau, et/ou les postes les plus intéressants sont déjà pourvus avant même qu’ils ne soient publiés. Quant aux postes à haute responsabilité, ils en sont exclus. Il n’en reste pas moins que ces Intranet constituent une source d’information sur les mouvements et les évolutions dans l’entreprise qu’il serait dommage de négliger. Il est toujours intéressant de consulter les offres en interne. Non seulement elles témoignent des orientations de l’entreprise en matière de recrutement, mais aussi de l’importance (croissante ou moindre, selon les cas) de certains critères de recrutement : formation, expérience, niveau de salaire ou de coefficient (intéressant si votre entreprise a revu récemment sa classification des métiers). Ainsi, vous pouvez confronter votre expérience à celle exigée pour un poste équivalent au vôtre.

Il ne faut pas avoir peur de se confronter de temps à autre au marché de l’emploi. Il s’agit de profiter de l’occasion que vous offre un chasseur de tête quand il appelle et vous propose un rendez-vous. C’est un bon entraînement pour vérifier sa valeur sur le marché, à l’extérieur comme à l’intérieur.  Vous pouvez aussi décider de prendre les devants et de faire de l’approche directe par candidature spontanée, suivre les levers de fonds qui peuvent engendrer des recrutements, contacter les chasseurs de tête ou des cabinets de recrutement, regarder les petites annonces de la presse écrite, vous brancher sur les sites Internet… autant d’occasions de tester votre marché et vos possibilités d’évolution. On ne se « vend » pas de la même manière si l’on sait que son profil est rare, recherché, que son expérience et/ou ses compétences sont très appréciées…bref, que l’on pourrait être beaucoup mieux payé ailleurs…

Plus tôt on définit son projet d’avenir, plus vite on peut s’organiser pour se donner les moyens d’atteindre ses objectifs. D’autant que l’évolution peut passer par une formation préalable. Il est utile de conserver une posture ” d’apprentissage et de consacrer au moins deux ou trois jours par an, à des formations. Surtout, il faut se montrer vigilant dès que l’on s’aperçoit que l’on n’apprend plus au poste où l’on est.  Cette formation ne se limitera d’ailleurs pas forcément au seul aspect technique mais pourra comporter également un volet relationnel. Ce sera, notamment, le cas lors d’une prise de responsabilité plus importante, ou du premier encadrement d’une équipe.

Gouverner, c’est prévoir. Préparer sa mobilité aussi. Cette volonté -cette contrainte ?- d’apprivoiser l’avenir implique donc la mise en place d’actions au quotidien. Mais elle vous oblige également à donner un sens à votre parcours, à votre communication, à votre stratégie. Très teintée de « savoir être », cette nouvelle dynamique, peut, pour pouvoir se développer, nécessiter l’intervention d’un consultant en bilan de compétences, d’un coach ou d’un supérieur hiérarchique de confiance, fortement impliqué dans votre parcours, et bien-sûr d’avoir un profil LinkedIn efficace, clair et qui vous mette en valeur. D’où l’intérêt de le travailler avec un professionnel qui vous aidera à dégager vos spécificités et saura vous aider  trouver le bon angle pour vous présenter… surtout si vous êtes un multipotentiel. Dans ce cas, vos expériences variées, vos compétences spécifiques, vos moteurs sont à mettre en avant et ce n’est pas facile de le faire sans le regard d’un tiers;

Myriam OGIER (extrait de SAVOIR SE VENDRE EN INTERNE, paru en 2003 et mis à jour en 2019)